Ce petit pays d’Europe centrale est une grande nation de sport où le vélo prend une importance toute autre.

2020 pour les Slovènes semble être l’année du vélo ! Souvenez-vous de la victoire slovène sur le Tour de France l’été dernier. Résultat : des vélos exposés sur les balcons de la capitale ou ailleurs dans le pays, et une euphorie nationale qui depuis ne cesse de grandir. De plus en plus de Slovènes expriment leur amour pour ce sport. Ce qui pour nous français peut sembler un peu excessif, et avouons-le, nous sommes peut-être aussi un peu jaloux puisque rappelons le, la dernière victoire française remonte à 1985.

Ce mouvement cache comme souvent des sous entendus, beaucoup voient dans cette pratique des symboles, ou d’autres significations. Nous avons tenté de comprendre cette tendance et ses racines moins évidentes.

Un sport hautement populaire en Slovénie

Depuis la victoire du Slovène Tadej Pogacar au Tour de France 2020, le cyclisme prend des proportions importantes dans ce petit pays. Cela vient ajouter une nouvelle dimension de fierté nationale, de succès et de reconnaissance internationale dans le sport pour la Slovénie. Pendant la période de la Yougoslavie, les sportifs de tous les pays membres étaient réunis sous une même bannière. Aujourd’hui, le sport est un moyen de démontrer son identité regagnée et d’exister à l’international. Rappelons que la Slovénie est le 1er pays du bloc yougoslave à avoir obtenu l’indépendance. 

Dans la région d’origine du coureur de UAE Emirates, dans le Karst, l’initiative d’exposer des vélos décorés pour Noël est un hommage et une manière de positiver. C’est une certaine Mme Avsec qui est à l’origine du mouvement. Il remplace d’une façon ou d’une autre les festivités de noël qui malheureusement n’ont pas eu lieu en Slovénie à cause d’un confinement.

Le symbolisme du vélo

Pourquoi le vélo est-il une manière de positiver encore plus marquante pour les Slovènes ? C’est le symbole du mouvement, de la roue qui tourne vers des jours meilleurs, le progrès, le contraire de l’immobilisme, l’action concrète permettant d’accomplir une avancée. On apprécie en tout cas le choix du vélo et les métaphores qui vont avec : le vélo ne tient debout qu’en avançant, peut-être vers le progrès. En période de confinement, c’est un encouragement bienvenu.

Un pays vert

Mettre le vélo en avant c’est aussi une manière de promouvoir la démarche verte du pays en général, mais aussi dans le tourisme. La Slovénie est lancée depuis de nombreuses années dans une course verte au développement durable et responsable. C’est le premier pays à recevoir le titre de destination mondiale verte. Les modes de déplacement doux et propres comme le vélo sont donc encouragés et particulièrement agréables dans les nombreux espaces protégés du pays. Ils représentent 13% du territoire national : c’est beaucoup pour un si petit pays ! Même les centres-villes sont aménagés pour les cyclistes. Le tourisme prend lui aussi une tournure de plus en plus verte pour des expériences plus authentiques et respectueuses de l’environnement.

Un mouvement aussi politique ? 

La personne à l’origine du mouvement des vélos décorés et exposés aux balcons se veut “apolitique”. Pourquoi préciser qu’aucun lien n’existe entre sa démarche et la politique ? Le vélo est-il un objet politique en Slovénie ?

En réalité, le vélo rappelle à de nombreux slovènes une protestation politique débutée au premier confinement. Le vélo est devenu un symbole de résistance en Slovénie. Nous avons bien eu les gilets jaunes, alors pourquoi pas des vélos en Slovénie ? 

Tout commence le 8 mai 2020. Un collectif citoyen appelle à manifester à bicyclette dans les rues de Ljubljana en utilisant les réseaux sociaux. Le but est de protester pacifiquement tout en contournant l’interdiction de rassemblement implémentée pour lutter contre l’épidémie de Covid. Ils auraient été entre 5 000 (selon la police) et 10 000 (selon l’hebdomadaire de gauche Mladina) manifestants à sortir dans les rues de Ljubljana.

Pourquoi les Slovènes protestent-ils ? 

Les voix s’élèvent et protestent contre le nouveau gouvernement en place et en particulier le nouveau premier ministre Janez Jansa. Son parti est accusé de dérives autoritaires pendant la crise du Covid. Le parti au pouvoir de Janez Jansa, le Parti Démocratique Slovène, est catégorisé comme “une formation nationaliste de centre droit, proche du Premier ministre hongrois Victor Orbanselon un article paru dans Courrier International-Paris. 

Les raisons invoquées au mécontentement d’une partie des Slovènes sont : 

  • les purges dans la police et les services secrets” 
  • “les pressions sur les médias et journalistes”
  • “le manque de transparence dans les appels d’offres concernant les masques et autres équipements médicaux”. 

Déjà le 1er mai, une première manifestation avait réuni 3500 personnes. Depuis ces deux manifestations, c’est devenu une habitude de se réunir à vélo tous les vendredi à Ljubljana. Le parcours est tracé et les Slovènes pédalent de la Place Preseren jusqu’au Parlement. C’était le “Friday Protest” (Protestations du Vendredi).

Seulement, un nouveau confinement est arrivé et avec lui l’interdiction totale de manifester. Le mouvement antigouvernemental a donc subi un coup d’arrêt. C’est la fin d’un moyen d’expression et d’une action commune. Mais est-ce vraiment terminé ? 

Que le message soit résistant, un hommage au monde du cyclisme, un encouragement face à la crise actuelle, une volonté écologique ou un message pour l’avenir, l’histoire des Slovènes est aux rayons des vélos pour encore longtemps.

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